Jeudi 9 décembre
Intercontinental Resort Tahiti, salle Tipanier
Par le Pr Lluis Quintana-Murci
Directeur de l’Unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur de Paris
Professeur au Collège de France
Membre de l’Académie des Sciences
Presque 20 ans après le séquençage du génome humain, un déluge de données génomiques sur les différentes populations à travers le monde permet de dresser un portrait de la diversité génétique humaine. On peut mieux comprendre l’histoire des migrations humaines, de la sortie d’Afrique il y a plus de 60 000 ans, au peuplement du Pacifique sud, il y a juste quelques millénaires. Ainsi, les populations humaines se sont constamment métissées entre elles, y compris avec des humains dits archaïques, comme l’homme de Neandertal et l’homme de Denisova.
Les dernières études génomiques montrent que ce métissage a contribué à la survie des humains, par une meilleure adaptation aux différents environnements (climats, ressources nutritionnelles,…) et agents infectieux rencontrés. Toutefois, l’héritage néandertalien qui est en nous peut être à double tranchant en raison de la nature changeante de l’environnement au cours du temps. En effet, ce qui a pu conduire par le passé à une adaptation bénéfique, peut se transformer, après un changement environnemental ou de mode de vie, en une maladaptation nocive et ainsi, conduire à l’émergence de certaines maladies actuelles telles que les maladies auto-immunes, les allergies, l’hypertension ou l’obésité. Il en est de même de la rencontre avec des agents infectieux nouveaux, notamment de virus tel que celui responsable de la COVID-19 pour lequel notre immunité peut être affaiblie !
La recherche en génomique et évolution s’est ainsi révélée être un outil indispensable pour mieux comprendre les liens entre diversité de nos génomes et fragilité à développer des maladies infectieuses et non infectieuses.
Professeur Lluis Quintana-Murci
Né en 1970 à Palma de Majorque (Espagne), Lluis Quintana-Murci a réalisé ses études de biologie à l’université de Barcelone (Espagne), son doctorat en génétique des populations à l’université de Pavie (Italie), et son habilitation à diriger des recherches à l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris. Il a intégré le CNRS en 2001, d’abord comme chargé de recherches puis comme directeur de recherches. Il dirige l’unité de Génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur depuis 2007, a été directeur scientifique de l’Institut Pasteur en 2016-2017, et visiting professor à l’université Rockefeller (New York, USA) pendant l’été 2018. Depuis 2019, il est titulaire de la chaire Génomique humaine et évolution au Collège de France.
Ses travaux ont été récompensés par l’attribution de plusieurs distinctions, dont les médailles de bronze et d’argent du CNRS, les prix Mergier-Bourdeix et Dagnan-Bouveret de l’Académie des sciences, ou le prix de recherche de la Fondation Allianz-Institut de France. Il a également été lauréat du Conseil européen de la recherche (ERC). Il est membre de l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO) et de l’Academia Europaea. En 2019, il est nommé membre de l’Académie des sciences dans la section de Biologie humaine et sciences médicales.